Anna Wadsworth a très récemment rejoint le projet Fistula Care Plus d’EngenderHealth. Auparavant, elle a été assistante de recherche pour une étude sur les soins prénatals à Kumasi, Ghana. Elle est titulaire d’un Master en science de la London School of Economics où elle a obtenu son diplôme avec mention très bien.
Alors que 2015 s’achève, l’équipe de Fistula Care Plus voudrait faire part de certains des succès obtenus cette année, et dont nous sommes très fiers. Du Bangladesh au Togo, notre personnel engagé, passionné et déterminé a œuvré pour s’attaquer à la fistule, la prévenir et la soigner.
Réparation de la fistule
On estime à environ deux millions le nombre de femmes et de filles qui souffrent de la fistule à travers le monde. Celles qui développent cette maladie se heurtent à des obstacles pour accéder aux soins et au traitement en raison d’un ensemble de facteurs tels que la pauvreté, le fait de vivre dans des zones éloignées, ou de ne pas connaître l’existence de traitements. En novembre 2015, Fistula Care Plus a augmenté le nombre de chirurgies réparatrices de la fistule de 240% par rapport à l’année précédente- ce qui signifie qu’il y a maintenant 2 876 femmes de moins qui vivent sans espoir. Ces réparations sont effectuées par des prestataires formés sur 31 sites soutenus à travers six pays où le projet Fistula Care Plus est appliqué – au Bangladesh, en RDC, au Niger, au Nigeria, au Togo et en Ouganda.
Plaider pour la fin de la fistule
Le 23 mai, nous nous sommes joints à nos partenaires mondiaux pour célébrer la Journée internationale de lutte contre la fistule obstétricale . Au Bangladesh, deux programmes audio sur la fistule ont été diffusés sur 13 stations radio. En Ouganda, notre équipe a collaboré avec les partenaires afin de sponsoriser un camp de traitement de la fistule dans le district de Hoima qui a le taux de prévalence de la fistule obstétricale le plus élevé du pays. Dans l’État de Kano au Nigéria, une journée d’activités s’est conclue par une cérémonie de remise des diplômes décernés à 100 clientes de la fistule qui ont participé à une formation sur les activités génératrices de revenus. Des outils permettant de générer des revenus y compris des petits financements et des machines à coudre, ont été présentés aux femmes.
Intégrer le prolapsus d’organe pelvien dans les services de fistule.
Cette année, nous avons commencé à définir une stratégie en vue de l’intégration du traitement du prolapsus d’organe pelvien dans nos programmes. Le prolapsus d’organe pelvien (POP) survient lorsque les systèmes de soutien du tissu conjonctif pour des organes pelviens adjacents au vagin (utérus, vessie, rectum) sont défaillants, ce qui entraîne la descente de l’organe et le pousse contre les parois du vagin. Cette maladie grave touche un grand nombre de femmes, les estimations de l’OMS se situant entre 2 et 20% des femmes âgées de moins de 45 ans atteintes d’une forme quelconque de POP.[i] Semblables à la fistule, les POP graves peuvent avoir des conséquences dramatiques pour le bien-être et la qualité de vie des femmes. L’intégration des services de POP dans le projet Fistula Care Plus est un changement important entamé en 2015. L’intégration est en adéquation avec les appels à l’action, figurant dans les publications, pour répondre aux besoins sanitaires non satisfaits dans les pays à faibles ou moyens revenus. [ii] En Septembre 2015, dix sites de Fistula Care Plus dispensaient des traitements du prolapsus d’organe pelvien, et ont vu un total de plus de 1 300 femmes sollicitant un traitement.
Développement des compétences des prestataires
La formation des prestataires et le renforcement de leurs capacités pour la prévention et la réparation de la fistule sont au cœur de notre programme. Au cours de l’année passée, Fistula Care Plus a formé 22 chirurgiens au Bangladesh, en RDC, au Niger, au Nigeria et en Ouganda. Il s’agissait, pour 11 d’entre eux de leur première formation sur la chirurgie réparatrice de la fistule. Le projet a également parrainé une formation avancée sur la chirurgie reconstructrice et la réparation de fistules complexes pour trois chirurgiens du Nigeria et du Niger. Au total, dans l’ensemble des pays de notre programme, plus de 1 000 personnels du système sanitaire ont été formés sur un certain nombre de thèmes non-chirurgicaux notamment la mise à disposition de services de planification familiale, le counseling relatif à la fistule, la prévention d’infections, et les soins obstétriques et néonatals d’urgence.
Renforcer le corpus de données
2015 a été une année passionnante pour les aspects du projet Fistula Care Plus relevant du suivi, de l’évaluation et des recherches en partie parce que l’équipe a développé une plateforme DHIS2 pour la collecte, l’analyse et la conservation des données. Étant une des premières ONG à adopter DHIS2, Fistula Care Plus a été invité à évoquer notre expérience lors du DHIS2 for iNGOs Global Symposium [en français Colloque mondial DHIS2 pour les ONGI] à Washington DC . Les membres de l’équipe ont également fait des présentations à l’occasion d’autres forums durant l’année, notamment au Congrès FIGO au Canada, au Premier Forum des Bonnes Pratiques en Santé de la CEDEAO au Burkina Faso, à la réunion annuelle du Groupe de Travail Inter-organisations sur la Santé Reproductive lors des Crises qui s’est tenue en Jordanie, et à la Conférence mondiale sur la santé maternelle et néonatale à Mexico City. Sept publications ont été acceptées ou publiées dans des revues spécialisées à comités de lecture en 2015. L’article sur les résultats d’une étude randomisée et contrôlée sur le cathétérisme à courte durée, menée dans le cadre du projet Fistula Care précédent et publié en avril 2015 dans the Lancet, fait partie des plus plébiscités cette année. [iii]
Vers un monde sans fistule
Pour la nouvelle année, nous espérons maintenir l’accroissement du nombre de réparations de fistule et continuer de dispenser des formations complètes sur la réparation de fistule. Nous tâcherons d’approfondir notre compréhension des obstacles à la prévention et au traitement de la fistule. Nous nous concentrerons également sur la sensibilisation communautaire, et nous travaillerons sur le développement de stratégies qui pourront aider les communautés à prévenir la fistule. L’équipe de Fistula Care Plus attend avec impatience l’année à venir, et nous envisageons avec enthousiasme le travail essentiel qui sera poursuivi en 2016.
[i]Prual A, Bouvier-Colle MH, de Bernis L, Bréart G. Severe maternal morbidity from direct obstetric causes in West Africa: incidence and case fatality rates. Bull World Health Organ. 2000; 78 (5):593-602.
[ii]Gunasekera P, Sazaki J, Walker G. Pelvic organ prolapse: don’t forget developing countries. The Lancet. 26 mai 2007; 369 (9575):1789-90.
[iii] Barone, Mark A et al. Breakdown of simple female genital fistula repair after 7 day versus 14 day postoperative bladder catheterisation: a randomised, controlled, open-label, non-inferiority trial. The Lancet, Volume 386, Numéro 9988, 56 – 62