Garantir les Droits lors de la ICFP 2016

Une infirmière de l'Hôpital Régional de Tahoua au Niger, montre son kit d'éducation en planification familiale.
Une infirmière de l’Hôpital Régional de Tahoua au Niger, montre son kit d’éducation en planification familiale.

 

Le lien entre la santé sexuelle et reproductive (SSR) et la santé maternelle, de même que leurs effets sur les vies des femmes, ne doit pas être exagéré. Les recherches montrent qu’un tiers des lésions et morts maternelles sont évitables lorsque les femmes ont accès à la contraception.[1] En répondant aux besoins non satisfaits de planification familiale, environ 1,1 million de décès de nourrissons pourraient être évités.[2] Parallèlement à ces avantages essentiels pour la santé, le fait de permettre aux femmes de retarder les accouchements et d’éviter les grossesses non désirées les responsabilise pour décider de leur propre avenir. Du 25 au 28 janvier 2016, les délégues de gouvernements internationaux, d’agences des Nations Unies, d’ONG notamment EngenderHealth, se sont réunis à Nusa Dua, Indonésie pour la Conférence Internationale sur la Planification Familiale pour discuter de la réduction des écarts et de la réponse donnée aux besoins non satisfaits en matière de planification familiale.

À travers le monde, 867 millions de femmes âgées de 14-49 ans déclarent nécessiter des services de planification familiale. Cependant, 222 millions de ces femmes sont incapables d’utiliser une méthode moderne quelconque.[3] « Besoins non satisfaits » est un terme qui met en évidence cet écart entre les intentions des femmes en matière de planification familiale et leurs comportements. Il fait référence au manque d’accès aux soins, aux ressources réparties de manière inégale et souvent la situation déplorable des femmes en comparaison avec celle des hommes. Parmi les femmes dont les besoins ne sont pas satisfaits, 90% vivent dans les pays à faible ou moyen revenu.[4] Lorsque le besoin non satisfait est important, il existe généralement un obstacle empêchant les femmes d’utiliser des services. Les obstacles font souvent partie d’un (voire plus) des quatre problèmes:

1.) Accès aux soins. Quelle est la distance à parcourir à pour rejoindre l’établissement de santé? Un taxi coûterait-il trop cher? Pouvez-vous prendre un jour de congé pour voyager?

2.) Disponibilité des méthodes. Une fois arrivée à la clinique, y-avait-il une rupture de stock?…. Vous vouliez un DIU, mais il n’y avait que des pilules et injections. Accepterez-vous une méthode qui met mal à l’aise, ou rentrerez-vous chez vous pour risquer de tomber enceinte?…. Votre mari souhaite une vasectomie, est-ce possible là vous vivez?

3.) Acceptabilité.  Comment votre communauté/société/religion perçoivent-elle la planification familiale? Avez-vous honte d’utiliser une méthode contraceptive?

4.) Qualité des soins. Avez-vous confiance dans le système de santé? Pensez-vous que vous allez recevoir des informations précises et être traitée respectueusement à la clinique?

 

Ce n’est pas par hasard si ces quatre questions, auxquelles on fait souvent référence avec le sigle DAAQ, sont également les conditions avancées par le Comité des droits économiques, sociaux et culturels de l’ONU pour englober « le droit à la santé ».[5] Bien que de nombreux pays, surtout les pays à faible ou moyen revenu doivent renforcer leur système de santé avant de satisfaire ces normes, chaque pays doit disposer de politiques et de plans de travail en montrant comment elles seront remplies à terme. Fistula Care Plus travaille avec les gouvernements et les partenaires dans six pays (Bangladesh, RDC, Nigeria, Niger, Togo et Ouganda) pour s’attaquer aux obstacles qui empêchent les femmes d’exercer leurs droits. Le projet oeuvre pour promouvoir l’accès à la planification familiale, l’accouchement dans un établissement, et les soins obstétriques d’urgence- qui sont tous des aspects clés des services de qualité à garantir pour prévenir les lésions maternelles.

Tout au long de notre travail à l’échelle communautaire et dans les établissements, Fistula Care Plus veille à ce que les activités soient fondées sur les principes de santé et des droits sexuels et reproductifs. FC+ considère que toute personne a le droit de choisir, si, quand et combien d’enfants elle veut avoir. De plus, tout le monde a le droit à des informations adéquates et correctes sur toutes les méthodes de planification familiale, et de décider quelle méthode lui convient sans aucune forme de coercition. Quand elle décide que le moment est venu d’avoir un enfant, chaque femme mérite d’avoir droit aux soins vitaux qui peuvent prévenir les morbidités maternelles telles que la fistule, et même sauver sa vie ou celle de son nouveau-né.

En ce moment-même, un nombre important de décideurs et de parties prenantes sont réunies en Indonésie et discutent de ces droits et des moyens de réduire les obstacles empêchant leur exercice. Nous espérons que les résultats de la CIPF 2016 incluent des partenariats renforcés pour la prestation de service et la priorité donnée à la santé et aux droits sexuels et reproductifs par les gouvernements.  Nous vous souhaitons à tous une conférence fructueuse.

 
[1] Collumbien M, Gerressu M, Cleland J. Non-use and use of ineffective methods of contraception In: Ezzati M, Lopez AD, Rogers A, Murray CJL, editors. Comparative quantification of health risks: Global and regional burden of disease attributable to selected major risk factors. Geneva: World Health Organisation; 2004. p. 1255–320.
[2] Singh S and Darroch J. Adding It UP: Costs and Benefits of Contraceptive Services; estimates for 2012. Guttmacher Institute and UNFPA, June 2012. Accessed from: http://www.guttmacher.org/pubs/AIU-2012-estimates.pdf
[3] Ibid, Singh and Darroch 2012.
[4] Jacobstein R, Curtis C, Spieler J, Radloff S. Meeting the need for modern contraception: Effective solutions to a pressing global challenge. Int J Gynecol Obstet. 2013; 121:S9–15. doi: 10.1016/j.ijgo.2013.02.005
[5] United Nations Committee on Economic, Social and Cultural Rights (UNCESCR) General comment no. 14: The right to the highest attainable standard of health. Geneva: United Nations; 2000. E/C.12/2000/4.