« Après une semaine de convalescence passée à l’hôpital, je me suis levée du lit, j’ai essayé de bouger, et ensuite j’ai constaté que j’étais mouillée et je ne comprenais pas ce qui se passait. Je me suis rendue compte que j’avais des pertes d’urine, j’ai commencé à pleurer, j’ai pleuré jour et nuit, et à partir de là, ma vie a complètement changé car je ne pouvais plus communiquer avec les gens, certaines personnes se moquaient même de moi et je me sentais rejetée. »
État de Kebbi, Nigeria– Comme des millions de femmes à travers le monde, Maryam a commencé à avoir des pertes d’urine après un travail dystocique prolongé, un problème de santé qui a donné lieu à une fistule obstétricale. La fistule est une maladie dévastatrice qui touche plus de douze mille femmes au Nigeria, chaque année. Certaines de ces femmes sont réparées avec succès grâce à la première tentative d’un chirurgien; tandis que bien d’autres, comme Maryam, essaient pendant de nombreuses années avec que leurs lésions ne soient soignées.
Maryam est âgée de 22 ans et elle vit dans une communauté dénommée Bunza dans l’État de Kebbi, situé dans l’extrême nord ouest du Nigeria. Maryam s’est mariée à l’âge de 13 ans et elle a eu deux enfants en bonne santé, nés sous césarienne. Au deuxième mois de sa troisième grossesse, Maryam et son mari ont accepté de s’inscrire aux soins prénatals dans un hôpital général.
Arrivée au neuvième mois de sa grossesse, le travail de Maryam a commencé tôt le matin. Un agent de santé communautaire a été appelé pour apporter son aide lors de son accouchement, mais après environ 8 heures de travail, Maryam et sa mère ont sollicité l’assistance d’un hôpital général situé à 120 kilomètres. À l’hôpital, le travail de Maryam a duré de longues heures alors qu’elle attendait une transfusion sanguine et une césarienne. Seize heures plus tard, elle a subi une césarienne mais le travail prolongé était terminé – son enfant n’a pas survécu, et elle s’est retrouvée avec une fistule. Maryam s’est plainte auprès d’une infirmière qui lui a assuré que tout irait bien.Un cathéter a par la suite a été posé sur Maryam; il lui a été conseillé de boire suffisamment d’eau lors de sa sortie de l’hôpital.
Après neuf jours chez elle, Maryam est retournée à l’hôpital où elle avait accouché en vue d’un traitement. Elle a rencontré un médecin qui l’a orientée vers un centre de traitement de la fistule. Lorsqu’elle a relaté son calvaire, Maryam a déclaré « Je me suis précipitée au Centre de FVV de Gesse à Birnin Kebbi et en arrivant là-bas, j’ai vu d’autres femmes qui souffraient de maladies similaires; nous avons sympathisé et je me suis sentie un peu soulagée. »
L’espoir de Maryam de trouver une solution a été anéanti lorsque les premières tentatives de chirurgie réparatrice de son médecin ont échoué. Sa fistule était complexe, il était possible que des opérations supplémentaires ne permettent pas de réparer le traumatisme subi par son corps. Elle a commencé à craindre de ne jamais pouvoir redevenir continente ou rentrer chez elle pour retrouver son mari et une vie normale. Son époux et son équipe de prestataires ont néanmoins décidé d’essayer une fois de plus.
En décembre 2014, Maryam a tenté une nouvelle réparation dans le même centre de fistule. À sa grande surprise, sa fistule a été complètement fermée et sèche après deux semaines de soins post-opératoires. Depuis lors, la joie a succédé à des années de tristesse. « Je n’arrive pas à expliquer ce que j’ai ressenti quand j’ai remarqué que j’étais continente, j’étais ravie et depuis la joie ne n’a pas quitté, je rends grâce à Dieu et je suis reconnaissante envers les personnes qui m’ont aidée, » a expliqué Maryam avec un grand sourire qui illuminait son visage.
Maryam a repris la vie commune avec son mari et elle espère créer un petit commerce afin de gagner sa vie. Elle a conseillé à d’autres femmes de suivre les soins prénatals et d’accoucher à l’hôpital avec l’assistance d’un agent qualifié afin d’éviter les douleurs et la discrimination qu’elle a subies en raison de la fistule.
Par l’intermédiaire du projet Fistula Care Plus financé par l’USAID, EngenderHealth fournit une assistance au Centre de FVV de Gesse dans l’État de Kebbi et à d’autres hôpitaux au Nigeria en formant des médecins et infirmières, en assurant la mise à disposition de consommables pour les opérations; en améliorant les outils de collecte des données, la fourniture d’équipement et d’instruments, en conduisant des recherches pour une prestation de services améliorée.
Ibrahim Haruna est un assistant chargé de programme auprès du projet Fistula Care Plus au Nigeria. Il a 4 ans d’expérience en matière de développement de programme et au préalable il a travaillé dans les domaines d’éducation pour les filles, des espaces sains, du plaidoyer et du soutien aux politiques. Ibrahim contribue à l’application des programmes dans le cadre du projet FC Plus avec une large place accordée à la communication et liaison, au plaidoyer, à la rédaction de rapports ainsi qu’à la planification et coordination des activités de programme. Il est titulaire d’un diplôme de troisième cycle en relations publiques et publicité de l’International Institute of Journalism et d’un diplôme d’études supérieures en communication de masse.