Post initialement publié sur le Blog de la MHTF.
Au cours de la décennie passée, nous avons constaté un changement profond dans l’utilisation des services de santé maternelle. Même dans les pays les plus pauvres, davantage de femmes accouchent dans des établissements de santé-environ 64% des femmes dans les pays en voie de développement (et 51% des femmes dans les 69 pays les plus pauvres) ont accouché dans des établissements de santé en 2012.
Mais le fait que les femmes se rendent dans des établissements de santé ne suffit pas. Des études comme celles de Suellen Miller, une recherche innovatrice menée en République dominicaine et des analyses plus récentes du programme d’incitation Janani Suraksha Yojana (JSY) en Inde ont montré que la mortalité maternelle peut stagner même si les accouchements en établissement augmentent rapidement, essentiellement en raison de la mauvaise qualité des soins. Cela s’explique par des raisons plausibles: par exemple, la suppression des frais d’utilisation ou de la mise à disposition d’incitations financières ont fait croître le nombre d’accouchements en établissement au sein de nombreux milieux, mais cela n’a pas conduit à une augmentation proportionnelle des ressources humaines ou des infrastructures.
Au cours de ces dernières années, il y a eu de plus en plus d’appels en faveur de l’amélioration des informations disponibles sur la qualité des soins de santé maternelle. Steve Hodgins a écrit sur l’importance d’évaluer le contenu des services, et pas seulement le contact. Plus récemment, Chris Elias de la Fondation Bill & Melinda Gates a évoqué la nécessité de « démanteler la boîte noire de la prestation de services. » Cependant, dans le domaine de la santé maternelle, nos indicateurs les plus communément utilisés demeurent des évaluations des contacts, tels que les accouchements en établissement ou la présence d’un prestataire qualifié lors de l’accouchement.
L’amélioration des informations relatives à la qualité des soins obstétriques est primordiale. Bien que les soins prénatals et postnatals soient importants, c’est au moment de l’accouchement et du post-partum que nous pouvons éviter la plupart des morts maternelles et néontales. Les opinions divergent quant à ce qu’il faut mesurer pour comprendre la qualité des soins dans le cadre du travail et de l’accouchement, et beaucoup des mesures existantes sont très longues, contraignantes et difficiles à utiliser. Cela est particulièrement vrai lorsqu’il est question d’évaluer la qualité en observant les services de santé-bien que l’on considère qu’une telle observation fournit les éléments les plus précis sur ce qui se passe pendant les soins d’accouchement et du post-partum, surtout en comparaison avec l’étude des données sanitaires ou avec les entretiens menés auprès des femmes.
L’étude que nous avons signalée dans PLOS ONE cette semaine, le Programme intégré de santé maternelle et infantile de l’USAID (MCHIP – Maternal and Child Health Integrated Program) était une tentative de réponse à ce besoin de définitions et d’outils de meilleurs qualité pour évaluer les soins relatifs au travail et à l’accouchement. Dans cette étude, nous avons interrogé des experts internationaux en soins maternels et néonatals afin d’établir un consensus sur les dimensions de la qualité des soins durant l’accouchement et la période post-partum immédiate. Ces experts ont également évalué un ensemble complet de 131 indicateurs possibles importants pour évaluer la qualité des soins, ils proviennent du Programme intégré de santé maternelle et infantile (MCHIP) et des enquêtes sur la qualité des soins maternels et néonatals (Enquêtes QoC). Nous avons ensuite mesuré les combinaisons d’indicateurs bien côtés de toutes les caractéristiques, tels que la représentation des dimensions qualitative et la capacité à différencier les accouchements effectués dans de mauvaises ou bonnes conditions. La validation a utilisé des données issues de l’observation directe de plus de 1 100 accouchements au Kenya, à Madagascar et en Tanzanie (notamment à Zanzibar) dans le cadre des enquêtes du MCHIP sur la qualité des soins (QoC). Un indice des meilleures performances a été choisi en fonction de la validité apparente, du contenu et de critère. Cet indice issu de cette validation réduit la liste initiale de 131 indicateurs à seulement 20 actions durant l’accouchement et la période post-partum, notamment les soins maternels et néonatals.
La plupart des indicateurs de qualité proposés pour les services de santé maternelle ont été sélectionnés seulement en fonction des directives cliniques et de l’opinion d’experts. Nous avons cherché à combiner les opinions des experts avec les validations empiriques. Cet indice élaboré à travers cette étude offre une synthèse d’indicateurs qui peuvent être utilisés pour évaluer les soins relatifs au travail et à l’accouchement plus facilement en utilisant l’observation clinique comme « référence absolue. » Nous espérons que cet outil aidera à améliorer les connaissances portant sur la qualité des soins dispensés en établissement pour les mères et les nouveaux-nés en Afrique subsaharienne et qu’il permettra aux programmes de cibler leurs efforts en matière d’amélioration de la qualité.
Cependant, l’observation du travail pouvant prendre du temps, nous avons également créé un outil plus rapide qui se concentre sur l’accouchement et la période du post-partum immédiat. Ce nouvel outil a été testé en tant que pilote en Tanzanie sur des sites soutenus par le programme Mothers and Infants, Safe, Healthy, Alive (MAISHA). Les résultats de l’étude seront présentés prochainement.
Ces nouveaux indices font partie d’un ensemble croissant d’ outils et d’approches dont le but est de mieux comprendre et améliorer la qualité des soins de santé maternelle. Nous avons hâte d’en savoir plus de la part de collègues travaillant sur ces questions en particulier à propos des idées concernant la manière dont l’observation peut être intégrée à la mesure et à l’assurance de la qualité en continu.
À propos de cette étude: Cette étude a été rendue possible grâce au généreux soutien du peuple américain par l’intermédiaire de l’Agence américaine pour le développement international (USAID), conformément aux termes de l’Accord de coopération Leader with Associates GHS-A-00-08-00002-000. Son contenu relève de la responsabilité du Programme intégré de santé maternelle et infantile (MCHIP) et ne reflètera pas nécessairement les points de vue de l’USAID ou du Gouvernement des États-Unis.