Edisa est une jeune femme ougandaise âgée de 20 ans, mais elle a déjà parcouru une longue distance. Ses deux parents meurent alors qu’elle était encore jeune. Edisa a été élevée par sa grand-mère qui n’avait pas les moyens de la scolariser au-delà de la première année du primaire. Edisa resta auprès de sa grand-mère jusqu’à l’âge de 18 ans quand elle se maria et alla vivre avec son mari comme deuxième épouse. Peu après son mariage, sa grand-mère mourut ; ensuite, à 19 ans, quand Edisa tomba enceinte de son premier enfant, à son tour son mari mourut soudainement.
Edisa continua à vivre au domicile de son mari jusqu’au moment où il fallait accoucher. Quand elle entra en travail, ses amis et voisins se cotisèrent pour son transport à un hôpital local. Edisa n’avait pas d’argent pour payer ses frais de traitement et elle resta en travail pendant deux jours sans assistance. Au troisième jour à l’hôpital, le personnel finit par s’occuper d’elle mais ils découvrirent que le bébé était déjà mort. Ils pratiquèrent une césarienne et retirèrent le bébé mort. Les infirmières lui placèrent une sonde avec laquelle elle resta pendant quatre semaines. Etant donné qu’elle ne bénéficiait que peu d’attention, Edisa demanda de partir de l’hôpital. La sonde fut retirée et Edisa retourna au domicile de son feu mari dans une grande douleur.
Après un travail prolongé, Edisa ne pouvait marcher toute seule à cause des douleurs qu’elle ressentait sur toute sa jambe cautérisée et qui lui remontaient jusqu’aux hanches et en plus, elle continuait à laisser échapper les urines. La première femme de son défunt mari refusait de l’aider et personne parmi les parents de son mari ne venait lui porter secours. Par chance, une femme généreuse dans le voisinage s’est prêtée pour l’aider à marcher et l’accompagner aux toilettes. Pendant qu’Edisa cherchait à récupérer au domicile de son mari, une étrangère lui confia qu’elle avait eu le même problème d’écoulement d’urine après un accouchement. Elle encouragea Edisa à être forte et lui parla de l’Hôpital Kitovu, situé à 11 heures de marche.
Empruntant de l’argent à des amies, Edisa se rendit à l’Hôpital de Kitovu mais elle devrait attendre avant de recevoir des soins. Une des parentes d’Edisa vit dans quelles conditions elle était et l’invita à aller habiter chez une tante. Elle fut bien reçue à la résidence de sa tante et là elle retrouva des forces et était même capable de marcher sans canne. Elle fut encouragée quand elle apprit que deux autres femmes du village étaient des survivantes de fistule qui avaient subi une réparation. Avec la fuite d’urine et la douleur provoquée par sa jambe cautérisée, Edisa ne pouvait pourtant aller ni au champ ni à l’église ni marcher aisément. Dans ce village de sa tante, personne ne l’insultait. La plupart des gens étaient désolés de la voir ainsi.
Enfin, Edisa fut admise à l’Hôpital de Kitovu et sa fistule réparée. Edisa vit à présent dans un état sec et elle est reconnaissante des services qu’elle a reçus. Maintenant qu’elle n’a plus de fuites d’urines, Edisa envisage de rentrer à la maison, se reposer et de récupérer totalement avant de reprendre les travaux champêtres. Edisa pense volontiers au mariage dans le futur mais elle dit, «j’ai appris à mes dépens qu’il n’est pas bien de se marier à un âge précoce. Je dirai aussi aux jeunes d’éviter la grossesse. Je leur raconterai les épreuves que j’ai traversées.» Edisa connaît d’autres femmes dans le voisinage de sa tante qui souffrent de fistules. «Elles m’avaient dit que si je guérissais, elles aussi iraient. Maintenant elles iront.» Après six mois d’écoulement d’urines et une jambe mal en point, Edisa est prête à reprendre sa vie.