L’histoire de Fatima

Ecrit par Zoë Connor (Interne en Recherche sanitaire à USAID)

A 18 ans, Fatima ressemble à n’importe quelle autre mère-être excitée pour son bébé à venir et pour démarrer un nouveau chapitre dans sa vie. Cependant elle n’en est pas à sa première grossesse. Mariée tôt et enceinte à l’âge de 15 ans, Fatima a souffert d’un travail prolongé avec son premier enfant et ceci a eu pour conséquence une incontinence et un enfant mort-né.

Rencontre avec Fatima, qui à l’âge de 15 ans a connu un travail prolongé lors de son accouchement, ce qui a provoqué une incontinence avec une fistule obstétricale.

L’incontinence dont souffre Fatima après sa première grossesse était due à un trou  qui s’est formé entre le canal de naissance et la vessie et qui s’appelle une fistule.  La fistule obstétrique se forme souvent lors d’un travail prolongé, étant donné que la tête du bébé comprime les tissus du canal de naissance, le flux sanguin est coupé et les tissus meurent, en laissant une ouverture anormale. Ceci empêche la femme de pouvoir contrôler ses fluides corporels, lui laissant constamment une fuite urinaire et/ou fécale. En plus, la formation d’une fistule peut être à l’origine de maladies chroniques telles que, la dépression, et l’isolement, en les enfermant plus tard dans un cycle de pauvreté.

Souvent une femme souffrant de fistule est abandonnée par son mari et sa famille, lui occasionnant une souffrance dans l’isolement. La fuite urinaire provoque une odeur désagréable, ce qui rend difficile leur intégration dans leurs villages. Les femmes souffrant d’une fistule sont souvent victimes d’ostracisme de la part de leurs paires et sont obligées de vivre en marge de leur communauté.

La fistule obstétricale  est la plupart du temps la conséquence d’un manque d’accès à des soins obstétriques d’urgence de qualité et à temps opportun dans les pays à revenu faible ou intermédiaires. Il est estimé qu’il y a jusqu’à 2 millions de femmes qui souffrent de fistule à travers le monde, avec 50.000 à 100.000 nouveaux cas par an. Cependant, la prévention de la fistule peut être facile avec un accès plus important à des soins obstétrique de qualité pendant la grossesse et tout au long du processus de travail.

Peu de temps après la formation de sa fistule, Fatima pouvait subir une opération chirurgicale au Gesse Fistula Center dans l’Etat de Kebbi, au Nigeria. Un exemple positif pour les autres couples, le mari dévoué de Fatima qui est resté à ses côtés, et qui l’a accompagnée au centre de traitement pendant qu’elle subissait l’opération.

« Auparavant, les homes divorçaient de leurs femmes quand elles développaient une fistule, »  expliquait Jummai, l’ancienne infirmière matrone du Centre de Fistule de Gesse. « Maintenant en raison de la sensibilisation et des éclaircissements au niveau des communautés, ils accompagnent leurs femmes dans les structures sanitaires. »

Beaucoup de ces projets d’engagement communautaire ont été mis en œuvre par  Dr Abubakr Bawa, un chirurgien obstétrique local. En cherchant un moyen pour le soutien des femmes au niveau des centres de traitement, Dr Abubakr avait pour objectif de changer l’architecture de la diffusion de l’information autour de la fistule. Son modèle éducatif se focalise sur l’implication des leaders religieux et des autres membres de la communauté qui sont très respectés au sein du village pour éduquer leurs voisins sur l’information sur la fistule obstétricale, y compris comment elles peuvent être traitées gratuitement, au niveau des multiples centres de traitement à travers le Nigeria.

Après avoir reçu une opération chirurgicale, Fatima et son mari ont été formés sur les soins postopératoires, en insistant sur le fait que si elle arrivait à tomber enceinte de nouveau qu’il serait impératif qu’une césarienne lui soit programmée pour son accouchement. Les coupes en section sont importantes pour les femmes qui ont eu antérieurement une fistule afin de  ne pas endommager davantage le canal de naissance déjà réparé lors du travail. Maintenant, avec une grossesse de 9 mois ; Fatima, accompagnée par son mari et sa grand-mère, attend sa césarienne programmée. Elle adore les enfants et est impatiente de donner naissance en toute sécurité à un enfant en bonne santé.

 

Fatima, âgée maintenant de 18 ans, attend avec impatience de donner naissance à son bébé par une césarienne programmée

 

A propos de l’Auteur. Un Haut Responsable au Collège William and Mary, Zoë Connor était un Interne de la recherche en Santé pour l’équipe pour la Santé Maternelle et Infantile et de la Nutrition au niveau de l’USAID. Elle étudie la Politique Publique avec un accent mis sur la Santé Publique et s’intéresse particulièrement à la  relation entre la pauvreté et l’inégalité à travers les indicateurs de santé. Tandis qu’avec l’USAID, elle a mis l’accent essentiellement sur les points post-avortement et la fistule obstétricale.