Le 23 Mai de chaque année, la communauté mondiale célèbre la Journée Internationale pour l’Elimination de la Fistule Obstétricale (JIEFO). La journée décrétée par les Nations Unies, vise à reconnaître les luttes des femmes qui souffrent de la fistule, un problème sanitaire dévastateur causé principalement par un travail prolongé/une dystocie et, de plus en plus par une chirurgie obstétricale ou gynécologique non sécurisée. La JIEFO reconnaît les efforts des gouvernements, des parties prenantes de la santé maternelle, et des agents de santé pour prévenir et traiter la fistule, en faisant des progrès vers l’objectif mondial d’élimination de la fistule à l’horizon 2030. Le thème de cette année a été choisi par le Fonds des Nations Unies pour la Population (FNUAP), et annoncé par Dr Natalia Kanem, Directrice exécutive du FNUAP et ainsi formulé «Halte aux inégalités liées au sexe et en matière de santé»! Mettre fin à la fistule maintenant! » Dr. Kanem a déclaré, «Alors que les systèmes sanitaires ont du mal à faire face au COVID-19, la pandémie devrait peser lourd sur la santé maternelle et néonatale au niveau mondial. Déjà, la crise aggrave les problèmes économiques, sociaux, et logistiques auxquels les femmes et les filles font face pour accéder aux services de santé sexuelle et génésique. Même lorsque les services sont disponibles et accessibles, la peur, la désinformation, et la stigmatisation liées au COVID-19 dissuadent certaines femmes enceintes de recourir à des soins obstétricaux. L’absence de traitement médical en temps opportun entraînera probablement une augmentation de la fistule obstétricale, une blessure grave à l’accouchement résultant d’un travail prolongé/une dystocie.”
Afin de commémorer la JIEFO en toute sécurité pendant la période du COVID-19, le Collège Ouest Africain des chirurgiens de fistule (COACF) et le projet Fistula Care Plus ‘FC+) d’EngenderHealth ont organisé un événement virtuel. L’événement a été bien suivi par les leaders dans les efforts de prévention et de traitement de la fistule, avec les conférenciers et les participants représentant les pays notamment le Bénin, le Burkina Faso, la République Démocratique du Congo, la Gambie, le Libéria, le Mozambique, le Nigéria; le Niger, le Sénégal, et le Togo. Son Excellence Dr. Zainab Bagudu, Première Dame de l’Etat de Kebbi, et son Excellence Madame Racheal Umahi, Première Dame de l’Etat d’Ebonyi, Nigéria étaient les invitées d’honneur. «Les Premières Dames ont partagé leur ferme soutien aux efforts de prévention, d’identification et de prestation de services de réparation de fistule dans leurs pays. L’événement a également réuni des conférenciers de la Mission Régionale d’Afrique de l’Ouest de l’USAID, des ministères de santé des institutions universitaires, et des équipes locales et régionales du FNUAP. Les remarques ont porté sur les obstacles connus aux services de santé maternelle et de fistule dans la région, aussi bien que les activités par FC+, COACF, et les partenaires pour éliminer ces obstacles.
Serigne Magueye Gueye a décrit le leadership du COACF dans la mise en place d’un solide personnel chirurgical à travers la région, pour des soins de fistule. En ce qui concerne le Collège, il a déclaré, «son rôle pourrait être un rôle de prévention, de traitement, et de réinsertion sociale [après la réparation de fistule]. Nous faisons de la recherche, nous renforçons les capacités des stagiaires, et fournissons un traitement dans toute la région d’Afrique de l’Ouest. Nous sommes en possession d’une base de données des chirurgiens généralistes, d’urologues, et d’anesthésistes, et de stagiaires à travers l’Afrique de l’Ouest qui contribuent aux efforts de prévention et de traitement afin d’alléger le fardeau de la fistule dans la région.» La Directrice de FC+, Dr. Vandana Tripathi, a déclaré, “Les inégalités en matière de santé rendent plus difficiles la prévention et le traitement de la fistule et ces derniers sont cruciaux si nous voulons éliminer. Les lacunes dans l’accès à des soins obstétricaux de qualité rendent plus difficiles la prévention et le traitement de la fistule en temps opportun par le biais de la sonde après une dystocie. L’accès inégal aux soins obstétricaux d’urgence sûrs contribue à l’augmentation de la fistule iatrogène que l’on constate. Et bien évidemment, la distribution inadéquate des capacités de moyens chirurgicaux signifie que ces mêmes femmes qui sont les plus vulnérables pour développer une fistule pourraient avoir le plus de mal à se renseigner ou à accéder à des services de réparation de fistule de qualité.» Afin de combler ces lacunes, FC+ est fier de nouer un partenariat avec le COACF pour mettre en place un programme chiffré de développement du personnel qui soutient les Etats de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) pour réussir son pari d’éliminer la fistule dans la région à l’horizon 2030. La contribution aux efforts de renforcement des capacités du personnel de santé à lutter contre la fistule dans le monde sera l’introduction prochaine d’un nouveau programme urogynécologique par le Collège Royal des Obstétriciens et Gynécologues (CROG), qui a été évoqué lors de l’événement par le consultant principal en urogynécologie Dr. Sohier Elneil. Le CROG a uni ses forces avec EngenderHealth, ainsi qu’avec FIGO, FNUAP, et les experts de la fistule, pour créer la ressource basée sur les compétences, qui devrait être finalisée d’ici à fin 2020. Dr. Elneil a noté l’importance de l’intégration du renforcement des capacités en matière de fistule dans un cadre plus large de médecine pelvienne, et d’un renforcement durable des capacités en l’incluant dans les institutions médicales académiques et les associations professionnelles.
Plusieurs participants ont discuté de l’interdépendance entre l’inégalité liée au genre et la fistule, tel qu’il a été souligné dans le thème de la JIEFO. Le Directeur de FC+ a noté, «Le récent projet de recherche mené avec le Programme d’Enquête Démographique et Sanitaire a révélé que les femmes avec une fistule sont plus exposées à la violence basée sur le genre. Deux fois plus de femmes qui signalent des symptômes de fistule déclarent également être victimes de violence physique et sexuelle en comparaison avec les femmes qui n’ont jamais présenté de symptômes de fistule, De même, notre recherche avec le Conseil pour la Population nous a montré que les obstacles à l’information sur la fistule, au dépistage, au diagnostic, et au traitement reflètent l’inégalité entre les sexes – surtout le manque d’alphabétisation, l’exposition à la stigmatisation, et les difficultés à obtenir la permission de rechercher ou de voyager pour des soins.”
Un autre sujet clé était la valeur des interventions régionales transversales et le renforcement de l’ensemble des systèmes de santé. Dr. Didier Mbayi Kangudie, Conseiller Régional Principal d’ USAID Afrique de l’Ouest a déclaré, «L’élimination de la fistule nécessite également des interventions transversales pour améliorer la santé des femmes, renforcer l’équité entre les sexes, et s’attaquer aux facteurs tels que le mariage précoce, la mutilation génitale féminine, et la violence basée sur le genre.» Dans cette optique, l’USAID soutient les programmes qui traitent ces questions en partenariat avec les gouvernements et les communautés à travers la région.
Tous les programmes efficaces mettent l’accent sur le renforcement de systèmes de données en créant une base de données probantes. Mabingue Ngom, Directeur Régional du Bureau d’Afrique Centrale du FNUAP, a insisté là-dessus en appelant à des efforts continus aux niveaux national et régional pour saisir correctement les données sanitaires, particulièrement celles qui sont liées aux morbidités maternelles telles que la fistule. Nous avons besoin de plus de données et de preuves. Sans des données nous ne pouvons pas montrer l’ampleur du problème…nous avons besoin de solides données pour mettre fin à la fistule.”
Cecile Campaore, Représentante Nationale de FNUAP au Sénégal, a résumé l’ensemble de l’énergie de la communauté réunie pour l’événement virtuel en ces propos, «j’appelle à des efforts accrus pour renforcer les systèmes de santé, augmenter l’investissement, et nouer des partenariats innovateurs qui mènent à l’élimination de la fistule à l’horizon 2030.» FC+ remercie tous ceux qui ont rejoint l’événement virtuel, en partageant les expériences de leurs pays et à travers la région sur le travail pour éliminer la fistule. Comme l’a dit le Dr Kangudie à la fin de l’événement, «Vive le WACS, Vive la coopération régionale.»